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"C'est faux!": interrogé sur l'affaire McKinsey, Macron s'agace et conteste d'éventuelles "combines"

Emmanuel Macron, à Bruxelles, vendredi 25 mars 2022

Emmanuel Macron, à Bruxelles, vendredi 25 mars 2022 - Ludovic Marin - AFP

Interrogé sur France 3, le président-candidat est revenu sur la polémique au sujet des contrats passés entre le gouvernement et le cabinet de conseil.

Face à la polémique qui prend de l'ampleur, Emmanuel Macron s'est attaché à démontrer que les liens entre l'État et le cabinet McKinsey sont transparents et légaux.

"Aucun contrat passé dans la République s'il n'y a pas une mise en concurrence et un contrat de marchés publics" souligne ce dimanche le président-candidat, invité de Dimanche en Politique sur France 3.

"Il faut être très clair, parce que là on a l'impression qu'il y a des combines: c'est faux, il y a des règles de marchés publics", poursui-il. "S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal."
"Je demande qu'on nous donne aussi de la profondeur: comment depuis quinze ans les contrats avec les consultants ont évolué?" s'interroge-t-il. "Je ne suis pas persuadé que sous ce quinquennat il y ait eu moins de contrats que sous certains autres y compris de ceux qui nous attaquent aujourd'hui", poursuit-il.

Pour lui, lorsque des ministères sont "jour et nuit au travail", "qu'ils demandent des prestataires extérieurs pour les aider ne me choque pas".

Lors du Grand Jury de RTL, Elisabeth Borne, la ministre du Travail était ce dimanche sur la même ligne.

"Scandale d'Etat" pour Xavier Betrand

"Si McKinsey a fraudé, il sera poursuivi", a-t-elle martelé, ajoutant: "on est les premiers en 2018 à avoir donné des règles très strictes sur le recours aux cabinets de conseil sur la base d'un rapport de la Cour des comptes qui datait de 2014. Tous ceux qui doivent payer des impôts doivent le faire."

Alors que Xavier Betrand évoque un "scandale d'État", la ministre indique que "S'il a des éléments, qu'il les mette sur la table et on les transmettra au procureur".

Rappelons que le Sénat a annoncé vendredi avoir saisi la justice pour suspicion de faux témoignage de Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public de McKinsey, qui avait assuré mi-janvier que le cabinet payait bien l'impôt sur les sociétés en France.

Optimisation fiscale

"Or, l'enquête des sénateurs atteste que le cabinet McKinsey n'a pas payé d'impôts sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans", relève la Commission d'enquête, qui a qualifié le recours par l'État aux cabinets de conseil de "phénomène tentaculaire" dans son rapport.

Malgré un chiffre d'affaires de "329 millions d'euros sur le territoire national" en 2020, le cabinet n'aurait versé aucun impôt sur les sociétés de 2011 à 2020, ajoutent les sénateurs, pointant du doigt "un exemple caricatural d'optimisation fiscale".

Ils soupçonnent les entités françaises du cabinet d'avoir versé chaque année d'importants "prix de transfert" à leur maison mère implantée aux États-Unis, "ce qui conduit à minorer leur résultat fiscal, et par suite le montant de leur imposition".

Le cabinet McKinsey a réaffirmé ce samedi respecter les règles fiscales françaises, précisant qu'une de ses filiales avait payé l'impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période au cours de laquelle le Sénat l'accuse d'optimisation fiscale.

La firme précise sans plus de détails s'être acquitté de "422 millions d'euros d'impôts et de charges sociales, soit près de 20% de son chiffre d'affaires cumulé", au titre de ses salariés en France, des montants à distinguer de l'impôt sur les sociétés qui concerne les bénéfices.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business