BFM Business
Economie

165 milliards de dollars: pour les 20 ans de Facebook, Mark Zuckerberg plus riche que jamais

Et après des années sombres marquées par les scandales et les investissements hasardeux, Meta a repris sa marche en avant en 2023. Bénéficiant de la flambée de son cours de Bourse, Mark Zuckerberg a multiplié sa fortune par quatre ces 13 derniers mois.

Pour les immenses fortunes, les ordres de grandeur évoluent vite avec le temps. Lorsqu'il fit son entrée à 31 ans dans le club des 10 plus grandes fortunes de la planète en 2015, le patrimoine de Mark Zuckerberg atteignait "à peine" 43 milliards de dollars. En 2004, année de la création de Facebook, le ticket d'entrée dans ce club très select était de 19 milliards seulement.

Désormais, si votre patrimoine n'atteint pas 100 milliards de dollars, vous n'y avez pas votre place. Mark Zuckerberg n'a pas à rougir, il y a bien son rond de serviette. Avec une fortune estimée à 165 milliards de dollars par CNBC. Le patron de Meta devient ainsi la 4ème fortune mondiale - devant Bill Gates - après un bond hier de 23 milliards.

La majorité de la fortune de Zuckerberg provient d'une participation d'environ 13% dans Meta, sur la base des documents réglementaires déposés au 31 décembre 2023 contre 15% il y a quelques années. Mais le milliardaire a commencé à vendre des actions en août 2016 pour financer ses activités philanthropiques.

Des chutes vertigineuses

Si le créateur de Facebook tutoie à nouveau les sommets, le parcours boursier de Meta n'a pourtant pas été une longue ascension tranquille. Les descentes ont été nombreuses et les chutes parfois vertigineuses.

Que ce soit à l'été 2018 marqué par un plafonnement des utilisateurs occidentaux (-38% en trois mois pour l'action), en février 2020 lors du mini-krach du début de la crise sanitaire (-30% en un mois) ou la dégringolade qui semblait sans fin de l'année 2022 (le cours a été divisé par près de quatre en un an), le modèle de Facebook a été mis à rude épreuve et les perspectives de croissance laissées sceptiques plus d'un investisseur.

L'adolescence de Facebook aura pour le moins été houleuse. Une période marquée par les scandales et les atteintes à la vie privée, le rôle joué dans les troubles politiques et la propagation des fausses informations mais aussi les dizaines de milliards de dollars dépensés dans un Metaverse à la réussite plus qu'incertaine. Début novembre 2022, le cours de Meta plongeait à son plus bas niveau depuis mi-2015. Et Zuckerberg sortait du top 30 des grandes fortunes de la planète avec un patrimoine de 36 milliards de dollars.

Le petit prince de la Silicon Valley avait perdu sa couronne quand survint la déflagration ChatGPT qui allait à nouveau porter la tech vers des sommets. Si Meta n'a aucun lien avec l'IA générative d'OpenAI, il a bénéficié de l'emballement des investisseurs pour les valeurs technologiques. De Nvidia à Microsoft en passant par Tesla, Google, Amazon ou le géant néerlandais des semi-conducteurs ASML, elles ont tout pris la fusée l'année passée.

Tous les soirs dans Le titre à la une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Céline Kallmann vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
20 ans après, Facebook a-t-il vraiment changé nos vies?
17:11

La fin de la crise d'adolescence?

Mais la maison mère de Facebook ne s'est pas contentée d'être portée par la marée montante. Surnommée "année de l'efficacité" par Mark Zuckerberg, Meta a triplé en 2023 son bénéfice, enregistré des revenus en forte hausse au dernier trimestre grâce à un rebond de la publicité numérique mais aussi procédé à des réductions de coûts et des licenciements. Comme un symbole, Meta a annoncé ce jeudi le versement des premiers dividendes de son histoire (700 millions de dollars par an pour le seul Zuckerberg), ce que les géants de la tech se sont longtemps refusés à faire.

La compagnie a aussi annoncé des investissements colossaux dans l'IA, ce qui n'était pas pour déplaire aux investisseurs.

"L'entreprise peut dire tout ce qu'elle veut sur l'IA et le métaverse, mais elle reste une entreprise de médias sociaux qui tire presque tous ses revenus de la publicité, estime Debra Aho Williamson, analyste spécialisée dans les technologies. Or les annonceurs aiment toujours clairement Meta."

Notamment les plateformes chinoises comme Shein ou Temu qui recrutent beaucoup de leurs clients sur les réseaux sociaux de l'américain. De plus, Meta a conclu un partenariat prometteur avec Amazon en novembre dernier pour vendre des produits directement depuis ses sites et application dans le but de contrer les avancées de TikTok dans le social commerce.

Facebook (devenu Meta en 2021) en a-t-il donc terminé avec ses crises d'adolescence? Alors que le site souffle ses 20 bougies et que Mark Zuckerberg va fêter ses 40 ans en mai prochain, elle n'en a peut-être pas fini avec ses démons passés.

L'entreprise est toujours dans le collimateur des autorités de part et d'autre de l'Atlantique et des menaces de démantèlement sont toujours brandies. En Europe, elle devra se conformer aux nouvelles obligations légales (DMA et DSA) dès cette année, ce qui pourrait rogner ses recettes publicitaires. Enfin, les perspectives de développement restent encore assez floues.

"Meta devra prouver que ses deux grands paris - l'IA et le métavers - sont complémentaires", estime Jasmine Enberg, d'Insider Intelligence.

Après les débuts tonitruants, l'expansion globale et la traversée des tempêtes restent peut-être pour Zuckerberg le plus dur à faire: durer.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco