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Paris Blockchain Week : "l’accent sera mis sur la question de la régulation"

INTERVIEW BFM CRYPTO - La manager des réseaux sociaux de la Paris Blockchain Week, qui se tient cette semaine au Carrousel du Louvre, explique pourquoi la régulation sera le thème majeur de l'évènement cette année.

BFM Crypto: quels seront les temps forts de cette nouvelle édition de la Paris Blockchain Week (PBW)?

Agathe Laurent Richard, manager des réseaux sociaux de la PBW et consultante web 3: Il y aura quatre sujets phares lors de notre principal événement, le Summit: les acteurs qui conçoivent et construisent la tech (les "tech builders"), la régulation, les entreprises spécialisées dans la blockchain et l’open finance (dont la finance décentralisée – DeFi). Compte tenu du contexte politique et à la suite de l’effondrement de FTX, l’accent sera mis sur la question de la régulation. C’est d’ailleurs une demande des participants qui veulent réfléchir ensemble à ce sujet crucial pour l’industrie. Des questions techniques se posent et certains participants espèrent trouver des réponses au cours de cet évènement. Par exemple, la prise de parole du patron de Circle, Jeremy Allaire, sera intéressante à écouter, sa société qui émet le stablecoin USDC étant scrutée de près par les régulateurs.

Quels autres acteurs seront présents?

Il y aura à la fois des acteurs du web 2 comme Amazon, Google Cloud et Microsoft et des acteurs du web 3 et des cryptomonnaies, comme les géants Solana, Binance ou encore Ripple. Nous sommes dans un moment charnière, avec des connexions possibles et cruciales entre les deux dimensions. Beaucoup de professionnels ont envie de faire des choses ensemble. La Paris Blockchain Week permettra de réunir ces deux mondes physiquement, alors que cela s’avère étonnamment compliqué virtuellement, au travers des réseaux sociaux.

L'évènement, qui se tient en plein coeur de Paris, va-t-il attirer des Français?

En France, il y a plus d’investisseurs qui détiennent des cryptomonnaies que des produits en Bourse, selon une étude de l'Association pour le développement des actifs numériques (Adan). On assiste à une montée en puissance de la finance avec les cryptomonnaies, accessibles à tous, qu'elle soit décentralisée ou non d’ailleurs. Par conséquent, on peut s’attendre à de nombreux visiteurs français en plus de la présence des principaux acteurs (du pays, NDLR), comme Ledger et Sorare. Le ministre du Numérique Jean-Noël Barrot interviendra à la Web3XP, notre journée dédiée au web 3. Mais l’objectif reste d’être un événement international.

En dehors de Ledger et Sorare, pourquoi la France peine à avoir plus de licornes françaises dans les cryptos?

Pour moi, l’écosystème français fait face à un problème de taille: celui de la barrière de la langue. Ma mission consistant à publier du contenu et animer les communautés en anglais, je remarque que finalement beaucoup de dirigeant(e)s sont plus timides à s’exprimer en anglais. Pour les entrepreneurs qui se lancent, je conseillerais de penser “global” dès le départ et de vite renforcer leur équipe d’anglophones, qui maîtrisent les sujets techniques du secteur en plus des outils de communication du web 2.

Cet évènement s’ouvre quelques mois après l’effondrement de FTX et en pleine crise bancaire. Quel est l’état de l'industrie crypto?

Les entreprises commencent à se structurer. Les profils web 3 sont de plus en plus valorisés. En fait, c’est maintenant qu’il faut construire, faire de la tech ensemble. Quand les circonstances macroéconomiques seront plus clémentes, les entreprises auront fabriqué des produits qui seront prêts à accueillir une nouvelle vague d’arrivants. A la Paris Blockchain Week, l’idée n’est pas de convaincre les gens d’acheter des cryptomonnaies, mais de construire ensemble. Nous avons une vision et une démarche à long terme.

Dans ce contexte de tension bancaire, le bitcoin a gagné 30% de sa valeur en l'espace d'une semaine. Se dirige-t-il vers une valeur refuge?

En cas d'effondrement du système bancaire, Bitcoin ne sera pas une valeur refuge puisque les monnaies fiats ne vaudront plus rien et que les valeurs n'auront plus vraiment de sens dans une économie complètement détruite. En revanche Bitcoin pourra accomplir son rôle de monnaie internationale décentralisée et conserver une valeur intrinsèque. Si tout s'effondre, je pense qu'on échangera en bitcoins, surtout pour le commerce international. L'adoption sera accélérée et donc les biens de consommations seront achetable avec des "satoshis" ou "sats" (NDLR: la plus petite division de bitcoin, un satoshi étant égal à 0,00000001 bitcoin).

Pauline Armandet