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Alpes-de-Haute-Provence: un homme condamné à 12 ans de prison pour l'assassinat de son beau-père violent

Le symbole de la justice (illustration).

Le symbole de la justice (illustration). - - Ashraf Shazly / AFP

La cour d’assises des Alpes-de-Haute-Provence a condamné mercredi 15 mai un Quinsonnais de 28 ans à 12 ans de prison pour l’assassinat prémédité de son beau-père "tyrannique", Fabrice P., 54 ans, en décembre 2020.

"Je porterai toute ma vie sur ma conscience cet acte horrible. Je m’en excuse. Je vous demande pardon": tels sont les mots émus de Jérémy B., 28 ans, adressés à la mère et à la sœur de celui qu’il appelait papa avant de le tuer de trois balles dans un champ près de Quinson (Alpes-de-Haute-Provence), le 21 décembre 2020.

C’est lui qui avait alerté les gendarmes de la découverte du corps, après avoir ramassé les douilles de son fusil de chasse sur la scène du crime. Il avait été interpellé six mois après les faits. Mercredi 15 mai, il a été condamné par la cour d'assises à 12 ans de prison pour le meurtre de son beau-père.

"La défense est satisfaite de ce verdict dans la mesure où c'est un verdict équilibré qui a pris en compte les circonstances de ce drame", a réagi maître Frédéric Monnoret, avocat au barreau de Marseille, auprès de BFM DICI.

"Péter un câble"

Le jeune homme, âgé de 24 ans au moment des faits, avait l’habitude de chasser avec son beau-père et lui avait demandé de le rejoindre, avant de changer ses cartouches de petit gibier pour des cartouches de gros gibier et de l’abattre à une quinzaine de mètres, selon l’expertise.

"Vous attendiez votre proie pour l’exécuter", a constaté l’avocat général, qui avait requis 18 ans de prison, tandis que l’accusé mentionne une dispute avec son beau-père qui lui aurait finalement fait "péter un câble".

Les circonstances exactes du crimes restent encore troubles, la version de l’accusé ne collant pas avec les constatations médicales, mais l’accusation de guet-apens n’a pas été retenue.

Violences conjugales et intrafamiliales

L’accusé et sa famille, qui est restée à ses côtés, n’ont pas pu retenir leurs sanglots à l’évocation du contexte familial douloureux de ce "garçon ordinaire" au "parcours cabossé".

"Souffre-douleur", "sous emprise", "harcelé": à la barre, les termes se sont succédés pour décrire le quotidien autoritaire et violent dans lequel Jérémy Bourges a grandi, rythmé par les violences conjugales, physiques et psychologiques imposées par son père, Fabrice P., un homme qui "voulait tout contrôler".

De cette violence, "tout le monde était au courant", rapporte un témoin. Les voisins entendaient les cris et voyaient les coups dans ce domicile familial, décrit comme une "cage dorée", et avaient aussi vu Jérémy B. à 11 ans dormir pendant des semaines dehors dans un camion.

"Il avait le droit de vivre"

Jérémy B. était devenu le co-gérant de l’entreprise de son beau-père, mais là encore, il était constamment rabaissé, humilié, dénigré. Les violentes disputes étaient courantes et l’accusé avait déjà mentionné vouloir "le tuer". Il nie cependant avoir agi pour se venger.

"Oui, Fabrice P. était un homme insupportable, dur et tyrannique, mais il n’en restait pas moins un homme", a conclu la partie civile. "Il avait le droit de vivre". 

"L'accusé a reconnu les faits et s'est excusé. J'ai envie de retenir ça. J'ai envie d'avoir un message d'espoir et d'amour pour cette famille qui a déjà été beaucoup trop brisée", a réagi maître Louis-Marie La Balle, avocat de la partie civile au barreau de Toulon, à la sortie du procès. 

Maëlle Lions