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Désormais valorisée 17 milliards de dollars: la Formule 1 en plein renouveau

Top départ pour la nouvelle saison de Formule 1. Le championnat du monde débute ce dimanche à Bahrein. La discipline, en perte de vitesse un temps, connaît un véritable essor ces dernières années.

"Formule Hollywood". C’est ainsi que Bernie Ecclestone décrit aujourd’hui la Formule 1. Si dans l’esprit de l'ancien grand patron de la discipline, la remarque est plutôt péjorative, elle illustre bien le tour de force réussi par Liberty Media, qui a pris le contrôle de la F1 en 2017. À cette époque, ce sport automobile perd de l’audience, son image se dégrade. "Le public se lasse d’une compétition qui coûte cher et qui consiste à regarder des voitures consommer de l’essence", glisse Vincent Chaudel, fondateur de l’Observatoire du sport business.

Liberty Media, spécialiste du sportainment, engage alors plusieurs chantiers. L’entreprise américaine revoit les formats de la discipline, allonge les essais, travaille aussi sur la technologie des monoplaces. Parmi les nouveautés introduites, le DRS, le "Drag Reduction System", qui permet aux voitures d’abaisser leur aileron dans les lignes droites, leur faisant gagner de la vitesse et favorisant ainsi les déplacements. "Tout est fait pour alimenter le suspens", explique Vincent Chaudel.

"Dans la plupart des grands prix, le vainqueur n’est connu que dans les cinq derniers tours, tout peut se jouer jusqu’à la fin", assure Vincent Chaudel.

Coup de génie de "Drive to Survive"

Deuxième chantier pour Liberty Media, conquérir un public plus large. En 2017, raconte Lukas Aubin dans l’ouvrage Atlas, géopolitique du sport, "le constat des nouveaux dirigeants est clair: le sport automobile est vieillissant, il faut le rajeunir". Un constat que ne partageait pas Bernie Ecclestone. L’ancien grand argentier de la Formule confiait en 2014 dans un entretien au journal Les Échos: "Je ne comprends pas pourquoi tout le monde convoite à ce point la jeune génération (…) on sait bien que la plupart de ces jeunes n’ont pas d’argent. Je préfère cibler l’homme de 70 ans très fortuné".

Pour aller chercher la jeune génération, Liberty Media noue un partenariat avec Netflix pour produire la série documentaire Drive To Survive qui entre dans les coulisses du championnat du monde. Diffusée pour la première fois en 2019, la série cartonne, en particulier auprès des jeunes, qui se prennent de passion pour la F1. Les audiences des Grands Prix chez les 12-17 ans ont ainsi progressé de 50% en 2022.

Américanisation de la discipline

Liberty Media, enfin, élargit le nombre de nombre de courses. Il y en aura 23 cette saison, dont trois aux Etats-Unis, à Austin, Miami et Las-Vegas. L’Amérique, qui a longtemps boudé la discipline, lui préférant les championnats d’IndyCar ou le Nascar, s’est finalement laissé séduire. "C’est sans doute la plus grande réussite de Liberty Media", affirme Vincent Chaudel, "le marché américain est majeur pour le sponsoring, les droits télévisés et l’automobile".

Preuve de l’attrait retrouvé de la Formule 1, les constructeurs automobiles se battent à nouveau pour en être. Ford et Audi auront ainsi leurs monoplaces sur la grille de départ en 2026. L’écurie Alpine, qui appartient au groupe Renault, s’est de son côté offert les services de Zinedine Zidane. Le footballeur, est, depuis quelques semaines, devenu l’ambassadeur de la marque. Il pourra aussi "participer à la réflexion sur la transition vers le futur de l’automobile et sur le développement des modèles d’Alpine de demain", assure Alpine.

Rachetée il y a 6 ans pour 4,4 milliards de dollars par Liberty Media, la Formule 1, selon le magazine Forbes, est aujourd'hui valorisée à 17 milliards de dollars. La discipline a retrouvé une seconde jeunesse.

Justine Vassogne